Réécriture architecturale du bâtiment Whome

3 questions à l’architecte du bâtiment Whome

Vincent de Bourmont, architecte du cabinet Line Architecture, revient sur la restructuration complète d’un bâtiment de bureaux réalisée pour Whome : une réécriture architecturale complète du bâtiment avec une labellisation BEE (Bâtiment Énergie Environnement) pour le nouveau centre de bureaux partagés à Saint-Herblain.

Pouvez-vous nous parler du bâtiment WHOME et de sa certification BEE ?

Vincent de Bourmont : “Il s’agit d’un projet démarré en 2020 et achevé en 2022 consistant en la restructuration complète d’un bâtiment de bureaux d’environ 2 350 m².

Au préalable, il me semble essentiel de contextualiser le bâtiment : construit en 1990 au bord du périphérique nantais (derrière Atlantis sur la commune de Saint-Herblain, à proximité de la ligne 1 de tramway), ce bâtiment a été occupé durant 30 ans par la société Bureau Veritas spécialisée dans l’inspection et la certification. Le lieu bénéficie d’une situation remarquable, grâce à la proximité des transports en commun, du périphérique, de l’aéroport et de nombreux services, commerces (loisirs, santé, travail, restauration etc.) 

Implanté sur un terrain rectangulaire, la construction se déploie en U avec une desserte périphérique offrant une entrée et une sortie avec, en cœur de parcelle, une cour centrale servant de stationnement. Le bâtiment se distingue par une trame perceptible en façade par le biais d’ouvertures identiques et répétitives.
À l’intérieur, les bureaux s’organisent autour d’un couloir central qui distribue l’ensemble des ailes avec quelques sas, séparant les différents compartiments du bâtiment. Le hall principal est marqué par un escalier circulaire qui prend appui sur un mur de même forme accentuant l’effet de centralité voulu à cet endroit. 

Quelques éléments remarquables viennent agrémenter le projet au niveau de son entrée pour mettre en scène le hall sur deux niveaux avec un mur-rideau toute hauteur en retrait de la façade, complété juste à l’aplomb des ailes du bâtiment par une série de poteaux massifs accentuant l’assise imposante du bâtiment. Des jeux d’ombres et de lumières viennent égayer l’architecture dans un registre post-moderne : couronnement en biais métallique en toiture, poteaux massifs à l’entrée, ordonnancement répétitif voire monotone des ouvertures. 

Il est à noter que l’aile ouest du projet a été réalisée dans un second temps donnant la forme définitive du bâtiment en U pour refermer la cour, en proposant une alternative architecturale au bâtiment initial avec ce mur-rideau à l’étage de la cour et des ouvertures moins répétitives en façade.”

L’obtention de la certification BEE du bâtiment

“Un bâtiment BEE (Bâtiment Énergie Environnement) est un bâtiment qui répond à un niveau élevé de performance énergétique et de qualité environnementale. Le bâtiment WHOME a été certifié par l’organisme Prestaterre.

La réduction significative de l’empreinte écologique du bâtiment a été permise par les techniques de rénovation et les matériaux utilisés :

Comment avez-vous pensé les bureaux WHOME ? Comment la QVCT (Qualité de Vie et Conditions de Travail) des utilisateurs a-t-elle orienté le cahier des charges du bâtiment en amont ?

Vincent de Bourmont : “Durant plus de 30 ans, ce bâtiment a été le siège régional de la société VERITAS ; le départ de ce locataire a ouvert une fenêtre d’opportunité au bailleur pour offrir une seconde vie au lieu.
Dès lors, différentes interrogations se sont posées : quelle orientation donner au projet, à quel niveau d’exigence positionner le curseur en termes de restructuration et avec quels objectifs en termes de performances ? Ce, au cœur d’intérêts par toujours convergents : d’un côté, le propriétaire du bâtiment (PPP) exerce un regard global sur son patrimoine pour pérenniser son offre et s’adapter à la demande du marché ; de l’autre, le locataire recherche un outil de travail remplissant tous les critères de qualité qu’il espère obtenir au regard des usages et des services qu’il veut proposer à ces clients pour un espace de coworking, qualitatif et singulier.

Restructurer un tel bâtiment existant s’avère ainsi une expérience particulière : on prend possession d’un ouvrage dont on n’est pas l’auteur, et auquel il va falloir redonner une nouvelle vie à travers un nouveau programme, une nouvelle écriture architecturale, en intégrant tous les objectifs de performance énergétique, d’usage, de confort, de design…

Dessinée par Soon Architecture sous l’impulsion du locataire WHOME, l’architecture intérieure du bâtiment nous a permis de penser tout le process (ventilation, électricité, chauffage, rafraîchissement) en amont, afin d’intégrer tous les réseaux sous dalle dans les circulations du fait de la contrainte des hauteurs. Ce défi a été plus que bénéfique dans le résultat architectural : nous avons pu mettre en valeur l’aspect technique du process en faisant de ce cheminement un élément à part entière de l’écriture architecturale intérieure du bâtiment. Les matériaux (sol, mur, plafond) et le mobilier (circulations, bureaux, salles de pause, salles de réunion, hall etc.) respectent par ailleurs les critères de qualité environnementale, ce qui donne un résultat final plus que satisfaisant.

Il est intéressant de constater à quel point un bâtiment ayant eu un usage défini et figé dans son organisation et son fonctionnement peut ainsi se transformer en espace de coworking qui nécessite de la flexibilité, de l’accessibilité, de la sécurité, du confort, de l’ouverture, de la rapidité, de l’isolement, dans le temps comme dans l’espace.
Tout cela a été rendu possible grâce à la bonne définition du cahier des charges pour obtenir les critères de qualité voulus, tant en termes de confort et de performance, que dans la définition des espaces propres à un lieu de coworking : il s’agit tout simplement de maîtriser les interfaces entre le bureau en tant qu’environnement spatial et ses usages, et entre le poste de travail (PC) et son environnement numérique. Il est à noter en conclusion que plus un lieu offre des choix maîtrisables, plus il vous donne une liberté d’action.
C’est ce à quoi PPP et WHOME sont parvenus, avec tous les acteurs du projet : maître d’ouvrage bailleur, locataire, architecte, maître d’œuvre, bureaux d’études, entreprises.”

Qu’est-ce qui, selon vous, différencie WHOME des autres espaces de bureaux partagés ? Quelles sont ses forces ?

Vincent de Bourmont : “Le bâtiment présente l’avantage de pouvoir, dans le cadre d’un périmètre de travaux maîtrisés, reprendre vie avec des objectifs ambitieux en matière environnementale. En conservant toute la structure initiale – ce qui permet d’éviter un bilan carbone trop important sur les lots gros œuvre et dallage – le réarmement de cet ancien navire se voit pris sous la coupe d’objectifs de performance environnementale. 

Le bâtiment WHOME est composé de ce qui se fait de mieux en termes d’isolation au niveau des murs maçonnés, de la toiture mais aussi des vitrages, du doublage, des matériaux de finitions (sol, mur, plafond) ainsi que du process. 

Au global, le tout confère aux utilisateurs un confort global sur les plans thermique, acoustique, visuel, olfactif et tactile. Plus qu’un support d’usage, d’activité et de rentabilité, le bâtiment devient ainsi un lieu de bien être, illustrant parfaitement l’équation essentielle que nous devons réussir entre l’environnement, l’économie et le social.”

vincentdebourmont

Vincent de Bourmont – Architecte DPLG pour Whome – Cabinet VDB Architecture